10 ANS AU SERVICE DES JOUEURS En cette fin d’olympiade et après les championnats du monde qui se sont déroulés en octobre dernier, Nicolas Henric, sélectionneur des équipes de France, s’est livré à une interview pour LSEI.

LSEI : Les championnats du monde en Angleterre se sont terminés le 18 octobre 2024. Quel est le bilan ?
N.H : Il est très positif si l’on prend en compte le nombre de médailles. Le groupe France en comptabilise 21 (8 en or, 6 en argent, 7 en bronze) avec le titre par équipes dans toutes les catégories. Lors des derniers championnats du monde en 2022 à Albi, le groupe France en avait récolté 20 mais en disputant 8 épreuves de plus dans trois catégories qui ne figuraient pas au programme 2024.
Il est moins positif concernant l’organisation de cet événement. Nous nous attendions à mieux.

LSEI : Comment expliques tu ces résultats ?
N.H : Ils sont le fruit de l’implication des joueuses et des joueurs et de leur état d’esprit. Ils ont su mettre les ingrédients nécessaires pour que tout se passe du mieux possible. Ils se sont très bien comportés durant ces championnats, aussi bien durant les matchs que dans les moments de vie en groupe. Les membres de mon staff, Joël Abati et Clément Goudin, ont aussi contribué à tout cela.
Malheureusement, le nombre de nations présentes laisse un petit goût amer. Il y en a eu moins qu’attendues. En ce moment les instances internationales du Blackball se livrent une terrible bataille. Certaines Fédérations ont menacé leurs joueurs de sanctions très fermes s’ils y participaient. C’est très regrettable.
24/25 BILLARD - BLACKBALL - FEDERATION FRANCAISE DE BILLARD Photos par Grégory KOPEC LSEI : Comment la situation peut-elle évoluer ?
N.H : Je souhaite que les instances nationales et internationales cessent de prendre les joueurs en otages. Ils n’y sont pour rien dans leurs querelles. Mais ce sont eux qui en pâtissent. Au regard de la situation actuelle je doute fort que les dirigeants internationaux se retrouvent autour d’une table pour essayer de se réunir sous une même entité. C’est pourtant ce qu’il faudrait faire.
Il faut à minima qu’ils laissent les joueurs disputer les compétitions qu’ils souhaitent, cela serait un moindre mal.
LSEI : Quels sont les futurs projets ?
N.H : Je conduis la délégation française depuis presque dix ans. C’est Éric Leroux qui avait eu l’idée de ce dispositif à l’époque et qui l’avais présenté à la Fédération en associant mon nom au projet. Je ressens une grande fierté d’avoir appartenu à ce groupe et d’avoir pu y apporter ma contribution. Nous avons construit la filière haut niveau pour la discipline, notamment pour les jeunes et les femmes avec des stages nationaux et un suivi sportif tout au long de l’année. Les résultats ont été très concluants ces dernières années.
Mais j’ai le sentiment que nous arrivons à la fin d’un cycle et qu’il est tant pour moi de prendre du recul par rapport au groupe France Blackball.
Comme tous les quatre ans, la Fédération française de billard à lancé son appel à candidatures aux postes de sélectionneurs nationaux dans toutes les disciplines. J’ai décidé de ne pas me représenter au poste de sélectionneur Blackball pour la prochaine olympiade.
LSEI : Que retiens-tu de cette expérience de sélectionneur ?
N.H : Je garde de nombreux souvenirs en mémoires, aussi bien dans les moments de défaites et de doutes et de questionnements qui ont suivis, que dans les moments de victoires. Ils furent, à ma plus grande joie, suffisamment nombreux pour me donner la motivation et l’énergie nécessaires à vouloir rechercher le meilleur pour les joueuses et les joueurs, mais aussi à les encourager à l’excellence au fil des ans. En cela ils m’ont apporté plus que j’espérais.
Je souhaite remercier en premier lieu la Fédération française de billard et particulièrement son président Jean-Paul Sinanian qui dès le début m’a accordé toute sa confiance.
Marc Massé notre DTN, qui m’a toujours soutenu dans le projet et les orientations que je préconisais.
Yvan Morales au travers de sa société et de sa marque « Les Biscuits de Mél » qui a tout de suite adhéré à la vision que j’avais pour le groupe France. Il nous a énormément soutenu.
Mon staff avec qui j’ai eu beaucoup de plaisir à travailler et aussi beaucoup appris. Certains ont eu un bref passage, d’autres ont participé davantage, mais je tiens particulièrement à remercier les personnes suivantes : Sylvie Vaquier pour avoir accompagné les jeunes en leur apportant les éléments qui permettent de vivre ensemble lors des compétitions et de performer ; Éric Vaquier, pour qui je manque de superlatifs pour le décrire, tant il a apporté au groupe un niveau de compétence que peu de personnes auraient pu faire ; Clément Goudin qui a réussi créer un vrai groupe Femmes en sachant être manager, coach mental, coordonnateur et encore bien d’autres choses ; et enfin Joël Abati notre coach mental qui a apporté toute son expérience de champion olympique et champion du monde de Handball. Il a su s’adapter et identifier les codes de notre discipline pour savoir tirer les « bonnes ficelles ».
À ma famille, mes filles et mon épouse Axèle, qui ont supporté mes humeurs et mes absences inhérentes à la préparation et à ma participation aux compétitions internationales.
Et enfin aux joueuses et aux joueurs qui ont été intégrés dans le groupe France, que ce soit pour une seule sélection ou plusieurs. Elles font toutes et tous partie de cette aventure, des plus jeunes aux plus anciens, ainsi que les joueurs de la catégorie « Handi ». Je garde énormément de bons souvenirs sur le plan humain.
LSEI : En dix ans tu as vu beaucoup de joueuses et de joueurs passer dans le groupe. Quels sont ceux qui t’ont le plus marqué ?
N.H : En ayant participé au moins une fois, tous ont participé au groupe France et je tiens à tous les féliciter. Mais effectivement certains font partie du groupe depuis plus longtemps et ils ont eu plus d’opportunités pour le marquer de leur empreinte. Notamment Christophe Thébeault, Yannick Beaufils et Christophe Lambert. Ils ont tous les trois leurs qualités sportives et leur personnalité propres qui en font des adversaires redoutables. J’ai eu la chance de les avoir tous les trois à deux reprises dans la même équipe (2022 et 2024). Je souhaite à tous les sélectionneurs du monde d’avoir dans son équipe des joueurs aussi performants que ces trois mousquetaires. Si en plus vous avez d’excellents joueurs à leurs côtés, vous pouvez ambitionner les plus grands succès. Je souhaite ajouter une mention particulière à Sébastien Ramier qui a été lui aussi l’artisan de nombreuses victoires de l’équipe de France.
Il y a aussi l’équipe de France Femmes avec qui nous avons construit un groupe très compétitif ces dernières années. Il règne un certain état d’esprit dans ce groupe qui le rend très solide. Elles doivent conserver cette ambiance mais s’attendre aussi à ce que de nouvelles joueuses arrivent car d’autres en France ont aussi un très bon niveau de jeu. Mais je dois quand même saluer Sabrilla Brunet. Elle a fait un comeback impressionnant en remportant en octobre dernier son quatrième titre individuel de championne du monde. C’est vraiment elle la patronne du Blackball.
Et bien sûr à tous les joueurs des équipes jeunes que j’ai encadrés en U23. J’ai un profond sentiment d’attachement avec eux. Certains d’entre eux ont réussi à transformer l’essai en passant dans l’équipe Hommes ou Femmes. J’en ressens un peu de fierté et beaucoup de satisfaction. Il y a encore une génération très prometteuse qui arrive et laisse entrevoir encore de beaux jours pour le futur l’équipe de France Hommes.
LSEI : Est-ce que tu retiens plus particulièrement un événement sportif ?
N.H : Sans aucun doute les championnats du monde que nous avons organisé en France à Albi. Avec l’aide de la Ville, de Françoise Nissen et toute son équipe de bénévoles des Black Cats. Nous avons réussi, de l’avis de nombreux participants, les plus beaux championnats du monde Blackball qui ont été organisés. Je retiens toutes les victoires que nous y avons obtenus. Et notamment celle de Yannick Beaufils qui m’a fait vivre un des plus beaux moments de sport auquel j’ai pu assister, en remportant l’épreuve individuelle. Le scénario était juste parfait du début à la fin, même si j’étais neutre lors de la demi-finale contre Christophe Lambert. C’est toujours un crève-cœur pour moi de voir les français s’affronter lors des compétitions internationales.
LSEI : Un petit mot pour conclure cette interview ?
N.H : Je souhaite au prochain sélectionneur de connaître autant d’émotions que j’ai pu vivre avec ce groupe, aussi bien dans les moments de vie que dans les victoires. Il y aura aussi des défaites, mais au-delà de la déception qu’elles procurent elles ont leur utilité car elles forgent notre expérience et nous poussent à nous améliorer. Je reste bien évidemment le premier supporter des équipes de France Blackball.

PARTENAIRES

TIKTOK TIKTOK PALET Tous droits réservés @lsei.tv LE SPORT EN IMAGE EST UNE ASSOCIATION LOI 1901 DONT LE SIEGE EST BASE A RENNES (ILLE-ET-VILAINE : 35) PORTEZ HAUT ET FORT LES VALEURS DE VOTRE SPORT SPORT BILLARD BASKET-BALL FOOTBALL YOUTUBE FACEBOOK INSTAGRAM FACEBOOK INSTAGRAM YOUTUBE A PROPOS LES RESEAUX